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.. En toutes lettres ..

Le souvenir de nos grand-pères

J’écoute mon grand-père parler. Il nous raconte ses souvenirs d’enfance, ses souvenirs d’avant la guerre. Le Toulon des années trente et son service militaire sur la Jeanne. Il a les yeux clairs des personnes âgées ; il a les yeux humides. Il ne dit pas "le bon vieux temps". Il dit simplement "à l’époque" ; il parle au passé et nous le comprenons. Depuis quelques temps, il écrit ses mémoires. Nous l’encourageons. Il devient plus faible chaque jour, malgré tous ses efforts pour nous le cacher. Nous craignons tous qu’il n’ait pas le temps de terminer. De son écriture si tremblante à présent, il noircit des pages qu’une de mes tantes tape ensuite sur son ordinateur. Nous savons qu’il s’attarde sur son enfance. Il n’aime pas parler du reste, et personne n’ose lui poser de questions. Ses propres enfants ne sauraient dire exactement ce qu’il a fait quand il était dans la Marine. Le débarquement de Provence, je crois. Il évoque aussi des séjours en Afrique, sur les Iles Kerguelen, aux Etats-Unis, en Indochine... Quand ? Combien de temps ? Nul ne le sait vraiment depuis le décès de Grand-Mère. Alors nous espérons, nous espérons qu’à défaut de le dire, il saura trouver la force de l’écrire. A quelques jours des commémorations du 8 mai, je ne peux m’empêcher de penser que tous ces grand-pères et ces grand-mères, qui ont vécu des événements déterminants dans notre histoire, vont - hélas - sans doute disparaître prochainement. Que restera-t-il de leur mémoire ? De leurs souvenirs ? Nous ne pouvons les laisser mourir sans les écouter...