Jeunesse éternelle
Souvenirs fanés d’une enfance oubliée...
Je suis là, dans la cave, au milieu des cartons. La cave, notre ex QG d’agents secrets, à l’époque où j’étais la James Bond Girl
de mon frère... ça me paraît si loin aujourd’hui... Je suis donc, là, assise au milieu de ces cartons que je croyais vouloir ranger ;
au milieu de ces cartons auxquels je ne toucherai pas. Il y a tout dedans. Le Domino des Animaux, les vieux exemplaires des Belles
Histoires, les Playmobil, les vieux Oui-Oui et autres Club des Cinq, tous ces fragments d’une enfance, a priori heureuse, et qui
m’avait, curieusement, laissé un arrière-goût amer. Il y a même mon singe, Kiki (enfin, Kiko, parce que celui de mon grand frère
était forcément le seul Kiki Le Vrai...). Je regarde ces cartons, je les ouvre, je cherche. Qu’est-ce que je cherche, au juste ? Mon
regard est attiré par une boîte, à peine plus petite que les autres, qui ne porte pas d’indication. Pas de nom, pas de date. Au cutter,
j’attaque le scotch marron qui la tient fermée. Doucement, comme inquiète de ce que je pourrais y trouver, je soulève le couvercle.
Une effluve d’alcool envahit la petite pièce et recouvre rapidement l’odeur d’humidité persistante de la cave. Ce parfum, car pour moi
c’en est un, c’est celui de l’école maternelle, du duplicateur à alcool, et de mon père qui m’emmenait tous les matins en me tenant
la main. Je suis loin... Presque aussi loin que l’odeur des vignes, avant l’orage, lorsque la terre rouge des coteaux de Provence nous
rend tout ce qu’elle a, pour mieux accueillir l’eau qui va bientôt l’inonder, car c’est inéluctable et tout le monde -même la Terre -
le sait. Mais cette odeur-là, me renvoie encore plus loin dans mon enfance, à une époque où mes souvenirs en sont à peine... Tout juste
des sensations... Jeunesse éternelle...
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